June avait toujours été une jeune fille plutôt turbulente. Ne supportant aucune autorité, elle passait son temps à des soirées avec ses amis au lieu de penser à ses études. Mais voilà, un soir, lors d'une fête organisée pour l'anniversaire de l'une de ses amies, le petit ami de cette dernière vint. Il avait deux ans de plus qu'elle ; et avait invité quelques uns de ses potes. June, qui se remettait tout juste d'une rupture, se sentait plutôt mal et enchaînait les verres de toutes sortes d'alcool trouvés dans les placards des parents de son amie. Elle s'installa ensuite sur l'un des canapés fushia du salon bondé, et ses yeux se fermèrent tous seuls. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le soleil lui caressait le visage, et elle était allongée sur un lit qu'elle ne reconnaissait pas comme le sien. Et elle ne portait rien. Pendant de longues semaines, June ne parvint pas à remettre en place ce qui s'était passé ce soir là, quelques flashs lui revenaient, mais sans plus, et sans grande utilité. Et lorsqu'elle s'aperçut qu'elle avait du retard ... elle commença à angoisser, et sans trop réfléchir, acheta un test de grossesse. Elle était bel et bien enceinte. Bam, lorsque la couleur positive s'afficha sur le test, les souvenirs jaillirent comme un boulet de canon. Ce garçon, plus âgé qu'elle, l'entrainant dans cette chambre et commençant à l'embrasser, sans qu'elle ne puisse se débattre. Elle n'en avait pas la force, de se débattre, elle se sentait ... dans un autre monde, spectatrice de cette scène et incapable d'intervenir. La vérité était là, devant ses yeux. Elle était enceinte d'un inconnu. Lorsque ses parents l'apprirent, ils la rejetèrent et l'interdirent de remettre les pieds à la maison tant qu'elle n'avait pas avorté. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, June voulu garder l'enfant. Sa meilleure amie l'hébergea pendant ses neuf mois de grossesse ; puis l'enfant naquit un beau jour de printemps, dans la ville de Columbus, dans l'Ohio. June n'avait que 18 ans. Lorsqu'elle revint à la maison avec la petite Roxanne dans ses bras, qui venait d'avoir un an, ses parents ne purent la jeter dehors, et craquèrent devant cette petite tête blonde. Ils se rendirent compte qu'ils s'étaient mal comportés avec leur fille ; et voulaient se rattraper. Ils re-accueillirent leur fille et leur petite fille dans leur maison ; et aidèrent June à décrocher un job, puisqu'il n'était pas question qu'elle fasse des études. La jeune maman devint serveuse dans un café ; où elle rencontra un homme, Samuel. Il avait deux ans de plus qu'elle et, quelle chance, était plein aux as. June et Samuel sortirent rapidement ensemble. La petite Roxanne était bien entourée par ses grands-parents maternels, qui s'occupaient d'elle à merveille et cédaient à beaucoup de ses caprices, ne pouvant résister à leur petite fille. Puis, au bout de deux mois, Samuel proposa à June et sa fille de venir habiter avec lui, dans sa maison, à Boston. Toute la petite famille emménagea donc là bas ; alors que Roxanne venait d'atteindre ses six ans. Elle entra à la petite école ; où elle se fit rapidement des amis, comme des ennemis ; elle s'intégra très facilement. Ce n'était pas une petite fille très calme, au contraire, il fallait toujours qu'elle bouge, fasse quelque chose. Et elle avait toujours le sourire aux lèvres, ce qui était très agréable. Deux mois encore après leur emménagement, Samuel demanda la main de June, qui dit oui, bien évidemment. Le couple se maria un an plus tard. Roxanne grandissait à une allure fulgurante, bientôt fut l'heure pour elle d'entrer au collège. Et c'est là que tout se compliqua. L'adolescente se fit rapidement, comme toujours, des amis, et entra bien vite dans l'élite grâce à son père bourré de fric. Un jour, pendant une pause entre deux cours, elle se disputa avec une autre fille de sa classe, une dont les parents étaient aussi pleins aux as. Et cette camarade finit par lâcher à Roxanne une phrase qu'elle n'oubliera jamais. « Ton père c'est même pas ton vrai père, alors. » Choquée par ce que sa pire ennemie lui avait craché au visage, elle lui sauta dessus et lui arracha les cheveux par poignées. Résultat des courses, elle se fit virer de l'établissement pendant trois jours. Tracassée par ce que cette fille lui avait dit, elle décida de demander à sa mère si Samuel était réellement son père. Et June décida qu'il était temps de lui avouer toute la vérité, vérité que Roxanne prit extrêmement mal. Comment sa mère avait pu lui mentir toutes ces années ?! Elle lui en voulu à mort et s'enferma dans sa chambre pendant des journées entières sans manger, ne sortant que pour aller au petit coin lorsque l'envie était trop forte. Les années passèrent, et la rancune s'effaça peu à peu. June, qui écrivait depuis sa plus tendre enfance, avait réussi à vendre l'un de ses romans, qui lui apporta beaucoup de succès. Bien des années plus tard, un soir, alors qu'elle rentrait de chez son éditeur, elle surpris son mari en train de la tromper avec une autre. Elle demanda le divorce illico ; et décida d'emmener sa fille loin d'ici. Roxanne n'était pas de cet avis. Elle allait passer son bac l'année prochaine, et il n'était pas question de changer de lycée maintenant, de quitter ses amis. Pas question. Mais voilà, Roxanne n'était pas encore majeure et donc forcée de suivre sa mère à New Perri. Cette dernière publia un second livre rapidement, mais qui ne rencontra pas un franc succès comme le premier. Malgré cela, elle n'eut pas besoin de chercher un emploi puisqu'elle recevait une grosse pension alimentaire de la part de Samuel, pension qu'elle & sa fille dépensaient à tort et à travers. Roxanne se fit tout de même rapidement de nouveaux amis à New Perri, et s'entoura d'une petite bande de suiveurs, aussi tarés et fêtards qu'elle. Parce qu'on ne vit qu'une fois. La jeune fille dégota son baccalauréat tout juste, puis vint le moment de décider de la suite. Elle qui ne s'était jamais trop souciée de son avenir, voilà qu'elle devait choisir si elle allait à l'université ou pas, et ce qu'elle allait faire. Finalement, elle se trouva un don pour la psychologie et décida de poursuivre dans cette voie. Mais il faut aussi dire que, même si sa mère n'est pas au courant, elle a entamé des recherches pour retrouver son père. Biologique.

Parker et Celia se connaissaient depuis maintenant deux ans. Ils étaient tous deux étudiants en médecine ; leurs regards s'étaient croisés et l'amour les avaient soudain frappés. Les deux ne croyaient pourtant pas au coup de foudre, mais c'était ce qui s'était passé, en un instant, une seconde, ils étaient tombés amoureux. Voilà deux années qu'ils formaient un couple, qui avait des hauts et des bas, certes, mais qui tenait. Et voilà, un beau jour, Celia se retrouva enceinte. Parker, tout d'abord effrayé, ne voulu pas garder l'enfant. Mais finalement, à force de supplications, Celia parvint à le convaincre. Neuf mois plus tard naquit donc Aaron Chuck ; après avoir fait souffrir sa pauvre mère pendant de longues heures. Ses premières années, il les passa avec sa mère ; dans un petit appartement du centre de New York, pendant que son père travaillait dans le petit cabinet de médecin qu'il venait d'ouvrir, et dont il était très fier. Les deux parents voulaient le meilleur pour leur enfant ; et le cabinet de Parker rencontra rapidement du succès ; il ramena bien vite beaucoup d'argent à la maison pour s'occuper de ce petit garçon comme il le fallait. A la petite école, Aaron n'arrivait pas à s'intégrer avec les autres. Il les regardaient d'un air mauvais, parce qu'il avait l'impression constante d'être critiqué, jugé par ses camarades. Lorsqu'il entra au collège, cette impression grandit. En année de 4ème, il frappa un autre élève qui lui avait dit qu'il s'habillait d'une façon ringarde. Résultat, il obtint des heures de retenue. Mais au moins, à partir de ce moment là, tout le monde savait qu'il ne fallait pas le chercher. Lorsqu'il atteint l'adolescence, sa mère trouva finalement un emploi dans un hôpital près de Philadelphie ; toute la famille emménagea donc là bas. Son père réouvrit un autre cabinet de médecin, qui rencontra autant, voir plus de succès que le cabinet de New York. Aaron était plutôt soulagé de ce déménagement puisqu'il ne supportait pas ses camarades New Yorkais. A Philadelphie, il s'intégra beaucoup mieux. Il se fit pas mal d'amis avec lesquels il avait de nombreux points communs ; ils appréciaient les fêtes, vivre au jour le jour ... et comme lui, ils avaient de l'argent plein les poches. Aaron fonda rapidement sa petite bande ; ils étaient les rois du lycée, autant crains qu'adorés. Les filles l'appréciaient beaucoup, lui trouvant un air mystérieux, attirant ; lui passa son temps à collectionner les aventures sans lendemain, estimant qu'une relation sérieuse rimait avec problèmes. Mais voilà, lors de sa dernière année de lycée, ses amis s'éloignèrent de lui soudainement, écoutant les fausses rumeurs qui se diffusaient à son sujet. On l'accusait d'avoir violé une fille de 14 ans, ce qui n'était absolument pas vrai. Il avait beau clamer son innocence, la rumeur ne fit qu'enfler. Et lorsqu'elle remonta jusqu'aux oreilles de ses parents, il se fit remonter les bretelles. Personne ne le croyait ; il ne savait plus à qui se fier. Lorsque les choix d'université furent d'actualité, il sauta sur l'occasion pour s'éloigner le plus possible de toutes ces personnes qu'il avait aimé mais en lesquelles ils ne pouvait plus avoir confiance puisqu'elles ne le croyaient pas. Il réussit à trouver une université qui lui convient, à New Perri. Il partit donc - avec les sous de papa, évidemment - et commença ses études pour travailler dans le graphisme. Il s'est rapidement intégré et s'est fait de nouveaux « amis » ; mais il ne se confie jamais, de peur d'être trahi par la suite. Ainsi, personne ne sait rien sur son passé et sur cette accusation qui chamboula toute son existence. Aaron n'arrive plus à avoir confiance en quiconque ; la peur de la trahison le tenaille sans cesse. Il garde tout pour lui, et se protège donc à l'aide d'une carapace d'indifférence et de dédain ; la plupart du temps, il se montre très arrogant, il méprise les personnes qui ont peu de moyens financiers tandis qu'il s'entoure de ceux qui sont, comme lui, pleins aux as. Mais cette façon de dénigrer les autres et de se considérer comme un roi finira sûrement par lui jouer des tours ...